Les histoires de Dan Wolf

Dan wolf entra dans la tanniere pour raconter une histoire de louve...
Il savait que sa douce loba en etait friande.
Il s'assit confortablement et commenca...

Les Yeux de l’Amour

Il était une fois…
Dans un Royaume lointain, au-delà des montagnes noires, un Prince qui s’apprêtait à prendre en épousailles une douce et belle princesse au regard clair…
Il organisait ses futures noces avec rigueur et compétence…Sermonnant les cuisiniers si tel ingrédient ne pouvait être disponible pour tel plat, contrôlant pour la centième fois les tours de gardes et la sécurité du château, courant de son tailleur au maitre de cérémonie pour les consignes, en n’oubliant pas de passer déposer de doux baisers sur les lèvres de sa future…
Cette dernière, qui répondait au doux nom d’Isabelle, ne s’était pu confier qu’une tâche d’importance : Procéder aux invitations…
Une fois le texte de la cérémonie écrit, elle fit donc partir sur tout le Royaume et au-delà, nombre coursiers pour inviter tel comte, telle duchesse, tel notable et tous les membres de la grande lignée des Wolfenstein…
Le jour de la cérémonie approcha…
Dans une clairière, au fond d’un bois, une vieille maisonnée trembla du cri de sa propriétaire…
La vieille tante Melusine de Wolfenstein n’avait pas reçu d’invitation…
Outre ses accès de colère bien connus, elle avait quelques talents en divination, chiromancie, enchantements et sortilèges en tous genres…
Autant dire qu’elle était la seule personne qu’il ne convenait pas d’oublier…
Elle décida qu’elle se passerait d’invitation et …se transformant en corbeau, s’envola vers le château où elle attendit, perchée sur le balcon de la chambre nuptiale…
Le mariage eut lieu en grandes pompes…Tous le Royaume festoyait et le bonheur des jeunes époux se lisait dans les regards dont ils se couvaient…
Le soir venu, le Prince, empressé de cueillir les fruits que sa douce princesse lui avait refusé jusque là, l’entraina dans la chambre nuptiale…
Avant qu’ils aient pu consommer, la vieille tante apparut dans la chambrée…

Soyez Maudits, jeunes insolents…Lança t’elle dans le silence de la nuit.
Pour avoir oublier d’inviter une Wolfenstein, toi…ajouta elle en désignant d’un doigt crochu la douce princesse…tu seras condamnée a errer dans les bois … sous la forme d’une louve !
Et toi, mon neveu qui n’a pas su lui rappeler que j’existais…Toi, tu oublieras jusqu’à son existence…Tu ne te rappelleras plus de ta lignée…Chaque matin, tu devras réapprendre a vivre…jusqu’à ce que tu la retrouve et que dans ses yeux clairs tu lises l’Amour…

Le sort jeté…la princesse se transforma sous le regard déjà perdu de son époux qui vit filer l’animal sans réaction. La tante s’envola vers sa chaumière en poussant des croassements de satisfaction…

De longues années passèrent, bouleversées par le mal qui frappait le Prince…chaque matin, il fallait lui apprendre son rang, les gestes élémentaires de courtoisie, le maniement de base d’une épée, la monte d’un cheval…et recommencer encore et encore…
Il n’y avait qu’une chose dont on ne lui parlait jamais…On savait qu’une louve rodait dans les bois…et l’on avait ordonné l’interdiction de la chasse de cet animal mais jamais on avait osé rappeler au Prince son engagement et son Amour pour Isabelle…
La douleur eut été trop forte pour lui…
Le Prince, quand a lui, ne s’inquiétait pas des choses du cœur…occupé qu’il était a réapprendre tous les matins pour appliquer le soir les rudiments de sa condition…

Un soir, il décida de partir seul a cheval. Malgré les protestations véhémentes de son Maistre d’Ecurie et du Capitaine de la Garde, il eut assez de souvenirs pour se rappeler qu’il était le Prince et qu’il pouvait faire ce qui lui semblait bon…
Il s’engagea donc au petit trot, encore maladroit sur sa monture, vers les bois environnants…

Isabelle avait passé la première nuit apeurée…Les bruits de la forêt, les petits animaux qui profitaient de l’obscurité pour sortir, tout était prétexte à la faire sursauter. Mais elle se rendit compte bien vite qu’elle n’avait rien à craindre. C’était une louve, maintenant, et elle nota que les autres animaux de la forêt l’évitaient comme la peste…
Il ne mangea pas pendant une semaine...Se contentant de boire à la source fraiche d’un ruisseau et de penser à son Prince qui, elle le savait, devait l’avoir oublié…
Elle apprit a repérer sur les arbres les fruits comestibles, ne pouvant se résoudre à manger les animaux de la forêt. Elle dû même combattre une fois un jeune loup intrépide et si son corps portait encore les traces de morsures, elle passait maintenant pour une louve solitaire…
Elle avait vite compris que les chasseurs ne seraient pas un problème pour elle et ses congénères. Ils évitaient les loups et se rabattaient sur le gibier et les cerfs en grand nombre dans les bois.
De temps en temps, elle s’approchait de la lisière de la forêt, apercevant au loin les remparts du château dans la brume matinale et espérant y voir son Prince…en vain.
Ainsi passèrent les semaines, puis les mois…Elle errait à présent au cœur d’une forêt dont elle connaissait tous les dangers, toutes les cachettes quand le tonnerre grondait et que la pluie ruisselait et avait perdu tout espoir de retrouver sa vie de princesse.
Un matin, alors qu’elle suivait par jeu un lapin apeuré dans un fourré, elle aperçut un cavalier…Son cœur alors s’emballa et elle se tapit…C’était bien son prince, un peu godiche sur sa monture, qui s’avançait vers la forêt…
Elle n’osa croire son regard de Louve et dut attendre qu’il s’approche encore pour détailler son visage avec sa vue perçante. Il avait vieillit mais était toujours beau…L’Amour qu’elle croyait avoir perdu à jamais, revint la frapper, telle la foudre lorsqu’elle s’abattait sur un arbre, pour l’enflammer dans la nuit naissante.
Elle se rappelait de la malédiction de la sorcière et sut qu’un seul regard suffirait à rompre le sortilège mais elle doutait qu’il porte son attention sur elle, une simple louve…

Les bois lui semblaient familiers, comme si quelqu’un ou quelque chose l’y attendait. On lui avait bien demandé de s’en éloigner, qu’ils étaient dangereux, que des loups y avaient élus domiciles en grand nombre….Mais il sentait qu’il n’avait rien à craindre. Il s’engagea donc dans une étroit sentier, se baissant pour éviter les branches, assurant tant bien que mal sa prise sur sa monture.
C’est en contournant une vieille souche qu’il l’a vit pour la première fois. Le doux pelage gris luisait, éclairé par les derniers rayons de soleil qui perçaient le feuillage. Elle ne semblait pas apeurée et, chose curieuse, son cheval ne piaffait pas…
Ce qu’il fit alors le surprit plus encore.
Il descendit de sa monture et tenta de s’approcher de la louve…

Elle n’avait pu se résoudre à risquer de le perdre et, lorsqu’il était descendu de sa monture, elle avait fait brusquement demi-tour pour se cacher au cœur de la forêt. Et s’il ne lisait pas dans son regard suffisamment d’amour ? Et s’il n’y voyait que du désespoir…celui d’avoir passé tant d’années loin de lui ? Et s’il ne la reconnaissait pas ? Autant de questions qu’elle se posait en se maudissant d’avoir oublié une vieille tante…

Il avait vu la louve s’enfuir et était resté longtemps ainsi à se demander pourquoi il ressentait comme un vide en son absence. Il avait enfourché sa monture et était retourné au château pour vivre les derniers instants d’une journée sans souvenirs…

Le lendemain, alors qu’il ne se rappelait pas d’être Prince de sang et qu’il avait oublié la plupart des gestes élémentaires, il fut frappé par la persistance d’une image…
Une louve le fixait dans la pénombre et ses yeux brillaient.
Il n’en dit rien mais décida de retourner dans les bois dés qu’il aurait appris a maitriser une monture. Ce qu’il fit plus tôt que la veille, aux dires de son Maistre d’écurie…


La louve était là qui l’attendait…
Comme la veille, mais sans le savoir, il descendit de sa monture. Cette fois, la louve n’avait pas reculé. Il s’avança vers elle avec une détermination qui le surprit. L’animal pouvait être dangereux mais quelque chose au fond de lui, lui disait qu’il n’avait rien à craindre, qu’il devait s’approcher de la louve, encore plus pres.
Il avança d’un pas, puis un autre. Elle se tenait là, belle et fière, a quelques mètres de lui et ne semblait pas effrayée.
Elle le voyait mieux maintenant. Il n’avait pas vraiment changé. La douceur de ses traits, la souplesse de ses gestes…Elle retrouvait son Prince comme au plus beau jour et n’attendait qu’une chose…qu’il se rapproche suffisamment pour lire dans ses yeux de louve tout l’amour qu’elle lui portait…
Alors qu’il allait faire les derniers pas…Il entendit un cri derrière lui…
Il se retourna vivement pour voir une vieille dame qui se tenait là, les mains sur la bouche, apparemment terrorisée par l’animal.
Son regard alla de la louve à la dame, de la dame à la louve et il fit demi-tour…

« N’ayez crainte, gente dame, elle ne vous fera rien… »

Il prit la vieille dame contre son torse pour la rassurer. Elle tremblait mais il lui sembla qu’elle s’apaisait.

« Vous croyez ? Ces bêtes là sont malfaisantes …On raconte des histoires terribles sur elles… »Murmura la vieille dame.

« Je ne connais pas ces histoires…Et ne me fie qu’à mes sentiments…La noblesse du cœur, la bravoure, le courage, sont ceux qui me guident…detendez vous…si vous lui montrez votre peur, elle la partagera…» Répondit le Prince.

« Vous devez être un grand personnage, messire, pour montrer tant de hardiesse ? »ajouta la vieille dame en le regardant malicieusement.

« Ce que je suis n’a rien a voir avec ce que je fais…Les plus grands peuvent se montrer les plus couards et on peut trouver dans le cœur du plus pauvre les plus grandes richesses… » Enchaina le Prince qui ne quittait pas du regard la louve qui attendait sagement.

« Votre dame a bien de la chance d’avoir a ses cotés un tel homme… » dit la vieille dame en s’écartant de lui.
« Vous m’avez convaincue…et rassurée. Je m’en retourne à mes affaires. Merci encore…et soyez heureux… »
Sur ces derniers mots, elle disparu comme par enchantement…Le Prince se demanda alors s’il n’avait pas rêvé…mais le regard de la louve qui le couvait lui fit prendre conscience que cela n’avait pas d’importance…Seuls comptaient les quelques mètres qui les séparaient…

C’est ainsi que ce soir de Printemps, on vit rentrer au château, le Prince qui tenait sa princesse serrée contre lui.
Le baptême de leur premier enfant fut inoubliable. On y vit même danser la vieille Melusine…

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